lundi, novembre 09, 2009

" La satisfaction est calme et gaie, une femme bien branlée rit. C'est une Muse. Les vieux garçons, eux, sombrent peu à peu dans la rumination, l'obsession, le kitsch porno, la rage impuissante, le ressentiment trépignannt, le gâtisme, la prostration. Écoutez leur rire idiot, notez leur obstination maniaque. Les vieilles filles, de leur côté, rejouent à la petite fille, elles ont quatre ans, six ans, douze ans, l'univers est devenu un miroir. La moindre pétasse se voit Vénus dans la glace. On ne peut pas ne pas penser à leur touffe inutilisée, là entre leur cuisses maussades. Une touffe. Et encore une. Et encore une. Vieilles touffes, vieilles bites, cirque d'aigreurs. Bavardage, noirceur, fausses gaités débiles.
(...)
Un homme qui, l'air de rien, a dépassé sa mère maniaco-dépressive, sa sœur mélancolique, sa femme acariâtre, ses maitresses et ses filles revendicatives, peut être considéré comme presque sauvé. Longue histoire à travers les siècles. Pour aboutir où? En province, toujours en province, éternellement en province, même dans les mégalopoles les plus peuplées. Rumeurs, ragots, reragots, rerumeurs, c'est comme ça, le social, rien à faire. Envies, jalousies, réenvies et rejalousies, bref, l'ennui, l'éternel retour de l'ennui.

Vous me direz qu'une femme, aujourd'hui, doit aussi se débarrasser de son père humilié ou paranoïaque, de son frère mythomane, de son mari ronchon et radin, de ses amants fuyants et lâches, de ses fils plus ou moins délinquants ou drogués. Vous ajouterez sa mère lourde et le voisinage, et la coupe de l'ennui est pleine, elle va déborder.
A-t-elle une chance de s'en sortir? Pas sûr. Un homme non plus, d'ailleurs, condamné le plus souvent à mourir d'ennui en province. "


Ph. S.
Une vie divine