vendredi, juillet 06, 2012

Alberto Pimenta


“ […]. Mais comment est-il possible de concevoir que tout le monde approuve le plan général, le plan général de l'univers et celui du plan budgétaire et des droits de l'homme avec ses garanties, et des partis et de l'épiscopat et du patronat et des syndicats et des agences d'assurances et de réassurances et des agences de voyages et des agences funéraires, comment se fait-il aussi que tout le monde approuve tout en se reproduisant de façon si régulière, si réglée…  si fugace ce qui pourrait être fait avec volupté, et avec de si grandes conséquences… je pense que la paternité, la maternité, chez des êtres dotés d'une espèce d'intelligence et de mémoire, ne sont rien moins qu'une grande, qu'une immense et ténébreuse vengeance! Je me vautre et j'ai au moins le pouvoir d'en concevoir d'autres qui se vautreront à leur tour! Si moi je me vautre, les autres doivent se vautrer aussi, et les femmes écartent les jambes, s'offrent, et les hommes fournissent leur part, et les deux parties ne font pas un tout, elles ne font jamais un tout, mais se divisent en d'autres parties, comme les amibes, la vermine, les vers. S'il y a un ver dans le fruit que je suis, que le ver se perpétue, qu'il ne disparaisse pas, qu'il passe de père en fils, c'est-à-dire de père en père, voilà la façon correcte de le dire. Le tao a produit un, un a produit deux, deux a produit trois… ainsi parlait Lao Tseu. ”

ALBERTO PIMENTA, As 4 estações, Discurso muito íntimo, Lisboa, 1984 (éd. & etc)
Traduction du portugais : Pierre Delgado

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