jeudi, janvier 04, 2007

Rita


Orson Welles voulait l'actrice française Barbara Laage comme rôle principal dans son film qu'il allait tourner : La Dame de Shanghaï. Entre Orson Welles et Rita Hayworth, finallement de nature totalement opposées, ce n'était plus l'idylle, et Orson entendit parler de leur divorce en lisant une déclaration de Rita dans la presse. Mais Rita Hayworth fit le forcing pour avoir le rôle.
En revenant à Los Angeles, Welles reçoit une invitation à dîner. Signée Rita. Pendant le repas elle le persuade de lui accorder le rôle tant désiré... et de passer la nuit avec elle. "Tu sais, dit-elle à Welles, le seul bonheur que j'ai connu dans ma vie, c'était avec toi."
Ce sera grâce à la présence au générique de Rita Hayworth que Welles trouvera tout de même les crédits suffisants pour tourner.
Donc, Rita et Welles, en instance de divorce, se mirent à travailler comme des forcenés à la préparation du film. Pour donner plus de profondeur psychologique, Welles fit entrer un certain nombre de références autobiographiques. Le film débute par une tentative de viol et s'achève sur une désintégration symbolique de la personnalité (la célèbre scène finale dans une galerie de glaces!). Et Welles ajouta des éléments tirés de la relation de Rita avec son père (Rita avouera à Welles, son second mari, que son père avait eu plusieurs fois des rapports sexuels avec elle) et Eddie Judson (son premier mari, qui n'avait pas l'air gêné que sa femme couche avec d'autres hommes, du moment qu'il les avait choisis personnellemment... il l'aurait vendue au plus offrant, ce salaud!...*) et il exploita aussi le sentiment de culpabilité qu'il éprouvait à l'égard de Rita (Welles accumula les liaisons, même s'il considérait qu'elles n'avaient aucune importance**).
C'est ce film qui lui permit de montrer au monde une Rita inconnue! Il réussit à lui faire couper les cheveux et à les teindre en blond platine. Ils travaillaient merveilleusement bien mais l'étincelle de la passion avait cessé d'illuminer leur vie privée... Ils divorceront peu après le tournage.
Vous voulez voir le résultat? Et entendre la voix de Rita Hayworth?
La Dame de Shanghaï. 1948.
Le portrait d'une société de requins qui se bouffent les uns les autres, pour en amasser le plus possible, quelqu'en soit le prix. Décadence, argent, corruption...
Film noir, majeur, fébrile, baroque, déroutant, à l'ambiance onirique, planante, pénétrante!


* Welles dira plus tard, en parlant de Rita : "C'est l'histoire la plus triste du monde. Elle a connu des choses terribles avec son père. Et cela s'est poursuivi sous une forme ou une autre. Son premier mari était un maquereau. Oui, un maquereau. Vous voyez ce qu'elle était. Toute sa vie n'a été que douleur."

** Il dira une autre fois : "Si l'on retirait l'ego et la vanité de la sexualité, le niveau d'activité sexuelle diminuerait dans des proportions impressionnantes. Je pense aux hommes, particulièrement, plus qu'aux femmes. Un homme en chasse a des motivations qui vont bien au-delà du sexe."


3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Encore une qui a du coucher pour avoir le Rôle !!!
"la Dame de shangai" ... c'est bon c'est noté ... pour la Voir , pour L'entendre.

janvier 04, 2007 7:24 AM  
Anonymous Anonyme said...

Les portes de la gloire s'ouvraient ou se fermait à tout jamais après qu'elles aient fait ou pas la démonstration de leur talent sur le fameux "casting couch", ce canapé à la réputation douteuse.
C'est dans le code génétique d'Hollywood, où ces messieurs exerçaient leur pouvoir en éjectant celles qui se montraient fort peu coopératives...

janvier 04, 2007 10:48 AM  
Anonymous Anonyme said...

Rita! la beauté fatale incarnée!
son numéro avec les gants!
on accepterait ego et vanité
pour une nuit sous son charme...

janvier 05, 2007 6:45 PM  

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