Les Délices du pardon
Dans un village de Nouvelle-Ecosse, au temps des pionniers, il y avait une très jeune femme, Yvonne-Marie Née, qui fut surprise en état d'adultère et pour cela condamnée à l'exposition et à l'opprobre publics.
On la porta sur la place du marché, ou elle fut attachée sur une table, les jambes en l'air et la robe retroussée jusqu'à la taille. Ensuite, on lia ses chevilles à deux poteaux, très écartés l'un de l'autre, de sorte que fut montrée sa chair nue ainsi que de la viande à l'étal d'un boucher. Une vieille impotente ayant été commise à la garde des enfants, parqués dans la cour de l'école, tout le village défila, hommes et femmes, l'un derrière l'autre : trois cent soixante-sept au total. Et chacun en passant devant la malheureuse, s'arrêtait, la contemplait un moment puis crachait sur la partie du corps par ou elle avait fauté.
Quand chacun eut ainsi témoigné de son mépris jusqu'à l'avant-dernier du cortège, le mari déshonoré parut à son tour, fermant la marche. On crut que sa vengeance passerait l'imagination et qu'il serait celui qui ferait déborder le vase. Au lieu de quoi, il regarda longuement, les yeux cernés de larmes, son épouse évanouie de honte et son beau ventre noyé sous la bave énorme du village unanime.
Alors il se pencha sur la tendre chair souillée et, lentement, avec sa langue, il la lava de l'ignominie épaisse et gluante. Peu à peu s'éveillant, Yvonne-Marie sortit de son abjection atroce. Puis, Rassérénée, elle sourit, le visage renversé, à la face infinie et bleue du ciel magnanime.
Marcel Mariën
Figures de Poupe, nouvelles
Éditions Jean-Claude Simoën, Paris 1979.
On la porta sur la place du marché, ou elle fut attachée sur une table, les jambes en l'air et la robe retroussée jusqu'à la taille. Ensuite, on lia ses chevilles à deux poteaux, très écartés l'un de l'autre, de sorte que fut montrée sa chair nue ainsi que de la viande à l'étal d'un boucher. Une vieille impotente ayant été commise à la garde des enfants, parqués dans la cour de l'école, tout le village défila, hommes et femmes, l'un derrière l'autre : trois cent soixante-sept au total. Et chacun en passant devant la malheureuse, s'arrêtait, la contemplait un moment puis crachait sur la partie du corps par ou elle avait fauté.
Quand chacun eut ainsi témoigné de son mépris jusqu'à l'avant-dernier du cortège, le mari déshonoré parut à son tour, fermant la marche. On crut que sa vengeance passerait l'imagination et qu'il serait celui qui ferait déborder le vase. Au lieu de quoi, il regarda longuement, les yeux cernés de larmes, son épouse évanouie de honte et son beau ventre noyé sous la bave énorme du village unanime.
Alors il se pencha sur la tendre chair souillée et, lentement, avec sa langue, il la lava de l'ignominie épaisse et gluante. Peu à peu s'éveillant, Yvonne-Marie sortit de son abjection atroce. Puis, Rassérénée, elle sourit, le visage renversé, à la face infinie et bleue du ciel magnanime.
Marcel Mariën
Figures de Poupe, nouvelles
Éditions Jean-Claude Simoën, Paris 1979.
4 Comments:
Je te souri mon Saint Pierredo du Glaviot, ma face renversée comme la crème sous les délices de ta langue caramel.
Je te souris avec un S en retour amusé, toi là-bas près du Mont pas pelé...
Rhhhooo, tu pouvais pas faire comme d'hab, à te demander pour de faux qui c'était ... crapaud démasquateur ! Ma corpulence est à ce point reconnaissable même sous des froufrous abondants ?
Je t'embrasse de toutes mes forces de Flanby qui aime qu'on lui crache sur la languette avant de la tirer.
Y'a donc personne pour m'arrêter, tu censures si ça va pas hein !
Pierredo, ça va être difficile ,à présent, de manger un flanby sans rougir de plaisir, en retenant ses cris!!!
Très beau post.
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