samedi, octobre 14, 2006

Femme

" Quand elle pose les bras sur la table, c'est comme de l'eau répandue d'un vase renversé, ou les dés jaillissant du gobelet agité par les joueurs : tout coule, inonde, son corps devient immédiatement milieu, intérieur, tente (...). Pour elle l'amour n'est pas un combat, ni un développement psychologique, mais un état. Quand la fille séduit, elle évoque d'abord le mauvais esprit du temps, ensuite c'est seulement le brut désir-de-séduire qui la travaille. En fait, la femme ne séduit jamais, elle demande simplement : “ Veux-tu de l'amour? ” Soit l'homme veut, soit il ne le veut pas. s'il le veut, (...) il entre avec la femme dans le domaine banal de l'humanité banale, dans l'amour. Question de la fille : “ Veux-tu de moi ? ” Question de la femme : “ Veux-tu l'amour, si cela te convient, avec moi ? (...) Chez la fille, on peut toujours ressentir le nouveau, l'anarchique, le frétillant et l'individuel et chez la femme, l'éternité, l'activité douce et silencieuse de la vie, les traditions cosmiques. "

Miklós Szentkuthy
Le calendrier de l'humilité (1935-1936)
Ed. José Corti, 1998