vendredi, janvier 10, 2014

Recherches sur l’art de parvenir (1868) de Maurice Joly


La valse des copains
 
« J’ai fait quelque chose de plus dangereux encore, s’il est possible, que d’attaquer la presse à mes débuts dans la polémique, j’ai attaqué, entendez bien ceci, le savoir-faire. C’est-à-dire que seul, sans appui, je m’en suis pris à une école régnante, à l’école des hommes d’État. Ici je me suis mis à dos tous les habiles, tous les intrigants, tous les faiseurs, tous les poseurs, tous les imposteurs, les charlatans, les jongleurs de la politique. Tous ces gens-là se sont voilés la face quand l’Art de parvenir a paru. Je montrais les dés pipés, les cartes biseautées, les gobelets, les boîtes à double fond, les fausses clefs, les fausses serrures, les faux visages. Tous ces gens-là se sont dit en me montrant : voilà l’ennemi. »

« En raison des qualités d’esprit et de caractère que suppose une passion aussi forte que celle de l’ambition, il semblerait qu’elle ne dut être le partage que d’un petit nombre d’hommes bien doués. C’est le contraire qui arrive. Ce sont les gens les plus médiocres qui sont les plus ambitieux, et par suite les plus agissants. Rien n’est plus piquant que ceci. On peut se représenter la fortune comme une belle femme environnée de prétendants; ce sont les eunuques qui la désirent le plus, et ce sont les eunuques qui l’obtiennent. »
En raison des qualités d’esprit et de caractère que suppose une passion aussi forte que celle de l’ambition, il semblerait qu’elle ne dut être le partage que d’un petit nombre d’hommes bien doués. C’est le contraire qui arrive. Ce sont les gens les plus médiocres qui sont les plus ambitieux, et par suite les plus agissants. Rien n’est plus piquant que ceci. On peut se représenter la fortune comme une belle femme environnée de prétendants; ce sont les eunuques qui la désirent le plus, et ce sont les eunuques qui l’obtiennent.
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En raison des qualités d’esprit et de caractère que suppose une passion aussi forte que celle de l’ambition, il semblerait qu’elle ne dut être le partage que d’un petit nombre d’hommes bien doués. C’est le contraire qui arrive. Ce sont les gens les plus médiocres qui sont les plus ambitieux, et par suite les plus agissants. Rien n’est plus piquant que ceci. On peut se représenter la fortune comme une belle femme environnée de prétendants; ce sont les eunuques qui la désirent le plus, et ce sont les eunuques qui l’obtiennent.
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Recherches sur l’art de parvenir, Maurice Joly, éd. Allia 1992.

mercredi, janvier 08, 2014

Esprit libre

« On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu'on ne s'y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps. Il est l'exception, les esprits asservis sont la règle. Ce que ceux-ci lui reprochent, c'est que ses libres principes, ou bien ont leur source dans le désir de surprendre ou bien permettent de conclure à des actes libres, c'est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la morale asservie. » 
Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain.

Le Fils-de-pute # 1

« Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.
Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.
Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute. Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire. »

Alberto Pimenta, Discours sur le Fils-de-pute, L'Insomniaque, 1996, traduit du portugais par Robert Massart (Ed. Teorema, Lisbonne, 1977)