samedi, janvier 31, 2015

Corruption

Le pouvoir corrompt, autant que peut l'être le gouvernement lorsqu'il est investi du pouvoir absolu, de même les marchés peuvent aussi être corrompus lorsqu'ils sont investis du même pouvoir absolu. Nous assistons aujourd'hui aux effets d'un tel pouvoir : la misère et l'appauvrissement de millions de personnes et leur possible réduction en esclavage. Mais ce pouvoir, loin d'être absolu, n'a pas de réel pouvoir, il n'a que notre obéissance.

samedi, janvier 24, 2015

le Fils-de-pute # 3


« Voilà pourquoi lui le fils-de-pute (même quand il ne le sait pas encore) mène généralement une vie occupée, il est d'autant plus préoccupé qu'il est plus fils-de-pute, il est préoccupé par ses occupations et pas l'absence de préoccupations des autres, il vit dans une inquiétude permanente même quand il affiche le calme; tout ce qui est nouveau le dérange, lui est une cause de tourments et de crainte. mais plus il éprouve de la crainte, plus il se tourmente, et plus grand est son besoin de continuer à faire, de faire toujours plus, ou alors de continuer à ne pas laisser faire, à de moins en moins laisser faire. Et plus il fait, ou moins il laisse faire, plus grande est sa crainte : la crainte de ne pouvoir indéfiniment continuer à faire ce qu'il fait, ou bien à ne pas laisser faire ce qu'il ne laisse pas faire, crainte de l'avenir et du présent, et même presque toujours du passé. Le fils-de-pute n'est jamais satisfait : c'est pourquoi il accumule, pourquoi il tente d'accumuler tout ce qu'il considère comme des avantages. Voilà pourquoi il est envieux, toujours envieux, envieux de tout; voilà pourquoi il dort mal, pourquoi il est constipé, pourquoi il a des maux de tête. Le fils-de-pute sent qu'il devrait être constamment en éveil, très actif, de plus en plus attentif aux principes qui conduisent à réunir les moyens de réaliser ses fins; le fils-de-pute est rongé par la douleur de « perdre » son temps à dormir, déplore l'« effet » de « perdre » son temps à déféquer, et voilà pourquoi il se retient de déféquer; voilà pourquoi enfin la place des fèces du fils-de-pute est à l'intérieur du fils-de-pute et non hors du fils-de-pute. »

Alberto Pimenta, Discours sur le Fils-de-pute, L'Insomniaque, 1996, traduit du portugais par Robert Massart (Ed. Teorema, Lisbonne, 1977)

vendredi, janvier 23, 2015

Le Fils-de-pute # 2


« Ce qui se produit, c'est que tout fils-de-pute, sans renier sa race ni perdre la face, s'organise en parties et partis qui se complètent mutuellement pour qu'il puisse avoir un pied ici, l'autre là, et la tête des deux côtés : disons que des parties au départ opposés se rejoignent dans la même société, et des sociétés différentes dans le même parti. Et tout cela se rassemble alors dans le grand corps appelé nation, dont l'esprit finit par n'être rien d'autre que la projection même du fils-de-pute. C'est là, dans le corps appelé nation, que tout fils-de-pute, se spécialise pourtant selon sa vocation en deux manières apparemment d'être fils-de-pute : c'est un phénomène que le fils-de-pute lui-même, dans sa terminologie, appelle « concertation de mesures », coordination d'organes divers », ou « action sur divers fronts » ou simplement « rationalisation, étant donné que ce phénomène constitue pour lui le processus le plus raisonnable et le plus efficace pour se préoccuper des autres et pour leur interdire, ou tout au moins leur rendre difficile l'absence de préoccupations. Donc, tous les fils-de-pute n'utilisent pas leur génie d'une manière identique et homogène, et c'est aussi pour cela qu'il est si difficile de comprendre et de définir le fils-de-pute de manière concluante et universelle. Il y a des fils-de-pute dont la vocation est de faire et des fils-de-pute dont la vocation est de ne pas laisser faire et se sont là (on peut l'affirmer dès maintenant) les deux types universels et éternels de fils-de-pute. »

Alberto Pimenta, Discours sur le Fils-de-pute, L'Insomniaque, 1996, traduit du portugais par Robert Massart (Ed. Teorema, Lisbonne, 1977)

mercredi, janvier 14, 2015

Je suis crédule

Je suis Charlie. Je suis un mouton. Je suis le mouton qu'on manipule comme on veut sous le coup de l'émotion. Je suis la rhétorique émotionnelle. Je suis angoissé. Je suis aveugle. Je suis domestiqué. Je suis sous l'emprise d'une opération de sidération publique. Je suis celui qui ne voit pas plus loin que l'écran qui indique "Je suis Charlie". Je suis celui qui n'est pas écœuré par le spectacle des charognards. Je suis celui à qui on racle les derniers restes d'esprit critique qui lui restent peut-être. Je suis obéissant. Je suis très obéissant. Je fais ce qu'on m'intime de faire. Je suis un réflexe. Je suis celui qui refuse que l'autre ne dise pas à l'unisson "Je suis Charlie". Je suis celui qui défile avec des assassins. Je suis celui qui va pointer du doigt celui qui refuse d'être Charlie. Je suis celui qui réagis. Je suis celui qui pense avec ses affects. Je suis celui qui se dit je ne sais pas où je vais donc je suis. Je suis ignorant. je suis l'ignorance. Je suis dans l'ignorance de la falsification. Je suis celui qui ne s'occupe de rien d'autre que de son propre sommeil. Je suis celui qui ne se renseigne pas sur le terrorisme, son histoire et sa récupération par l'occident qui le fabrique à son tour. Je suis celui qui ne sais pas que la France soutient les terroristes en Syrie. Je suis celui qui déplore les effets dont il chérit les causes. Je suis celui qui ne réfléchis plus. Je suis sous hypnose. Je suis celui qui ne veut pas savoir. Je suis celui qui ne veut pas savoir que le terrorisme est pour l'essentiel le fait des services de renseignement. Je suis celui qui ignore les méthodes de l'Otan, de la Cia, de la Dgse, de la Dgsi. Je suis celui qui ne veut pas savoir que près de 40% des tentatives d'attentats islamistes recensés aux Usa depuis 2001 ont été initiées ou facilitées par les autorités au moyen d'un agent infiltré ou d'un indicateur retourné. Je suis celui qui ne veut pas voir que c'est la même chose en France. Je suis celui qui veut ignorer l'existence de Gladio et la succession des attentats sous fausses bannières. I am the one who doesn't give a shit about false flags. Je suis celui qui pense selon deux poids deux mesures. Je suis celui qui pense qu'il faut laisser chacun s'exprimer, même s'il choque. Je suis celui qui pense qu'il ne faut pas laisser s'exprimer celui qui me choque. Je suis indigné à deux vitesses. Je suis en colère à deux vitesses. Je suis hypocrite. Je suis celui qui n'est pas indigné par l'agit(ation)-prop(agande), les insultes, les provocations constantes des médias. Je suis celui qui à l'unisson parle de liberté d'expression et qui dans le même temps celui qui dit qu'il faut éliminer un certain humoriste. Je suis l'adulte immature. Je suis celui qui se renseigne en lisant des ouvrages sur les manipulateurs mais qui ne s'aperçoit pas qu'il se soumet à l'instant à une manipulation de grande envergure. Je suis celui qui s'indigne. Je suis un logo. Je suis sous le choc. Je suis un mouton. Je suis mené à l'abattoir. Je suis perdu. Je suis le mouton qui a besoin d'un slogan pour être guidé. Je suis téléguidé par l'ingénierie sociale. Je suis celui qui avale toutes les couleuvres des médias. Je suis le bon public abreuvé de désinformation. Je suis incapable de voir les invraisemblances du scénario tout prêt qu'on me sert en 48 h. Je suis celui qui ne met rien en doute. Je suis obéissant. Je suis l'obéissance. Je suis la bien-pensance. Je suis celui qui n'a aucune idée des mensonges de l'autorité. Je suis sous l'autorité. Je suis celui qui ne cherche pas les vérités. Je suis sous le choc. Je suis la castration symbolique. Je suis celui dont les capacités de jugement, de révolte, de logique sont annihilées, liquidées, dissoutes. Je suis la psychologie des foules. Je suis la foule. Je suis la foule où la fureur est partout l'esprit nulle part. Je suis le spectateur. Je suis le spectacle intégré. Je suis celui qu'on secoue avant de s'en servir. Je suis l'idiot utile. Je suis dissous dans le nombre. Je suis le nec plus ultra de la soumission du dernier des hommes. Je suis abject. Je suis le réseau social. Je suis son esclave. Je suis soumis. Je suis Charlie.

Décérébration et éviscération sous anesthésie générale des zombies intoxiqués par les mass média

Le rassemblement du 11 janvier 2015, salué par les médias du monde entier comme un « élan de solidarité sans précédent » n'était pas censé donner un sentiment de malaise et une étrange impression de détournement, mais c'est pourtant le cas. Surtout en ces temps obscurs, « la vérité arrive toujours la dernière, et fort tard, parce qu'elle a pour guide un boiteux qui est le temps » (Baltasar Gracián), mais le temps montrera clairement que la réaction des esclaves face aux techniques de mise en scène de la terreur fonctionnent à merveille lorsque les fonctions nerveuses, intellectuelles et immunitaires des individus sont très sérieusement endommagées.

mercredi, janvier 07, 2015

"Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme."

" Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.
(...)
On peut remarquer que l’interprétation des mystères du terrorisme paraît avoir introduit une symétrie entre des opinions contradictoires ; comme s’il s’agissait de deux écoles philosophiques professant des constructions métaphysiques absolument antagonistes. Certains ne verraient dans le terrorisme rien de plus que quelques évidentes manipulations par des services secrets; d’autres estimeraient qu’au contraire il ne faut reprocher aux terroristes que leur manque total de sens historique. L’emploi d’un peu de logique historique permettrait de conclure assez vite qu’il n’y a rien de contradictoire à considérer que des gens qui manquent de tout sens historique peuvent également être manipulés ; et même encore plus facilement que d’autres. "
Guy-Ernest Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Éditions Gérard Lebovici, 1988.