lundi, mars 30, 2009

Rapax capitalismus


Dans l'ambrouillamini d'écrans de fumée de la propagande et la danse de commentaires indignés et d'indignations commentées qui se répandent dans les mass medias à propos des dévoreurs du monopoly capitaliste, je me souviens d'un ouvrage dans ma bibliothèque qui pourrait peut-être m'éclairer. Je cherche. Attendez, il est par là. Ça y est! je l'ai retrouvé : Oiseaux de proie. Un guide des éditions Atlas*.
Je commence à lire :
" A certaines périodes, l'attitude de l'homme a été plutôt favorable aux rapaces considérés comme un symbole de liberté, de puissance et de noblesse. A d'autres époques, ces oiseaux étaient perçus comme une menace et, de ce fait, persécutés sans merci." J'écrase une larme. En continuant ma lecture. " Aucune de ces deux attitudes extrêmes ne rend justice aux oiseaux de proie et c'est seulement depuis une période récente qu'ils sont appréciés pour ce qu'ils sont, comme des créatures parfaitement adaptées à leur environnement, souvent d'une grande beauté et dont les comportements sont tout à fait fascinants." Bien adaptés à leur environnement, en effet.
" Au sens le plus large, tout oiseau qui se nourrit d'autres animaux, ne serait-ce qu'un minuscule insecte, peut être considéré comme un oiseau de proie. En réalité, ce terme est plutôt réservé aux oiseaux qui capturent des proies de grande taille par rapport à la leur. […]. [Ils] utilisent […] leur doigts et leurs serres développées. En effet, pour la plupart des espèces, le bec crochu et intimidant sert plutôt à déchirer les chairs qu'à tuer. "
Je continue un peu plus loin sur les spécificités de certaines espèces : " L'épervier d'Europe est appelé Accipiter nisus tandis que l'épervier brun, une espèce voisine du nord de l'Amérique, porte le nom d'Accipiter striatus. " Tiens, pas un mot sur une espèce assez répandue : Accaparer capitalismus. C'est drôle, ça. Bref... je continue.
" [les grands faucons et les accipiters] volent très rapidement pour dépasser leur proie, mais cette vitesse est essentiellement destinée à les placer dans une posture qui leur permet de tuer. […] A ce moment précis, le bassin et les pattes du rapace sont projetés sur la proie, ce qui donne plus de force au coup porté. […] Dans tous les cas, un seul coup est porté, à l'oblique, avec les pattes ouvertes. En principe, il suffit à tuer la proie instantanément. "
Bon, je finis par comprendre un peu mieux ce qui se passe...

Et c'est décidé, je vais prendre modèle sur le président de notre fausse-démocratie (pléonasme de l'époque) qui tente désespérément de cacher son visage de loup sous un masque de mouton parmi le troupeau de ces derniers, et de faire croire qu'il va empêcher qu'on les tonde ou qu'on les emporte se faire dévorer plus loin...

Toujours sur les traces de ce fanfaron-fier-à-bras modèle, je vais monter vers les sommets de la montagne, m'agiter un peu pour attirer ces charmants rapax, en convoquer quelques-uns, en alpaguer un par les plumes du col blanc pour lui demander de franches explications en lui disant les yeux dans les yeux perçants :
— Eh! non mais, c'est quoi cette histoire? qu'est-ce qu'il te prend de faire des ronds dans les airs et fondre sur tes proies pour les déchiqueter sans pitié? Hein! Dis-moi! hein!! Qu'est-ce que t'as à répondre à ça, hein?!!
— Ben... c'est que... euh... Que veux-tu, je ne peux pas m'en empêcher... c'est ma nature qui veut ça...
— ...


* Oiseaux de proie, Philip Burton. Editions Atlas, 1992.

mardi, mars 24, 2009

Natalie Wood

Vu hier à la télé un film de Sydney Pollack, Propriété interdite [The Property is Condemned] (1966) avec Natalie Wood, Robert Redford, Charles Bronson... Une histoire d'amour tragique durant la crise économique des années 30. Moyen. Salement adapté du livre de Tenessee Williams. Mais je retrouve ce plaisir indéniable de voir une nouvelle fois Natalie Wood, prénommée ici Alva. Et son image de "péché" vue par Hollywood. Aussitôt, ça me fait penser à un autre film où elle joue, une autre histoire d'amour tragique, cette fois-ci avec Warren Beatty : La fièvre dans le sang [Splendor in The Grass] (1961) d'Elia Kazan, bien plus intéressant, avec l'étude d'une romance adolescente frustrée par l'opposition parentale.
Et ce grand plaisir de voir ce personnage joué à merveille par Natalie Wood : fraîche jeune femme délurée, au caractère en acier trempé, fantasque, rebelle, et puis brisée.
Prodigieuse Natalie Wood! 1938-1981 !...








Propriété interdite (Sydney Pollack, 1966)




Propriété interdite (Sydney Pollack, 1966)


La fièvre dans le sang (Elia Kazan, 1961)



















La fureur de vivre (Nicholas Ray, 1955)



Natalie Wood, James Dean & Nicholas Ray lors du tournage de La fureur de vivre.




Natalie Wood & Steve McQueen en 1963





Ecrire ou pas

Parfois, je me dis qu'il est à proprement parler injuste de ma part de ne pas écrire à propos de mes (fantastiques) journées. Ou bien qu'elles ne sont en rien intéressantes, ou bien je crains de ne pas trouver la bonne façon de les décrire d'un jet sans me perdre dans les interrogations sur ce qu'il y a à montrer ou pas. Et sur la clarté du style.
Tout cela est vrai. Sans oublier une envie toujours renouvelée de me moquer de tout. Et d'abord de celui qui vit ces journées. (Fantastiques).

mardi, mars 17, 2009

En dépit de l'évidence

" En liaison avec son postulat implicite selon lequel la connaissance exacte de la détérioration du milieu vital devait nécessairement être un facteur de révolte, la critique des nuisances a été portée à accorder une place exorbitante à la dissimulation, au mensonge, au secret : selon un vieux schéma, si les masses savaient, si on ne leur cachait pas la vérité, elles se révolteraient. Pourtant l'histoire moderne n'avait pas été avare d'exemples contraires, illustrant plutôt chez les masses une assez constante détermination à ne pas se révolter en dépit de ce qu'elles savaient, et même – depuis les camps d'extermination jusqu'à Tchernobyl – à ne pas savoir en dépit de l'évidence; ou du moins à se comporter en dépit de tout comme si on ne savait pas. […] L'explication de cette absence de réaction, alors que pourtant le vent de Tchernobyl est passé par là, est fort simple : dans les années soixante-dix, la France était encore travaillée par les suites de 68. il faut donc penser que c'est la révolte, le goût de la liberté, qui est un facteur de connaissance, plutôt que le contraire. "

René Riesel et Jaime Semprun
Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable
L'Encyclopédie des nuisances, 2008, p. 24

mercredi, mars 04, 2009

Trotteuses


En turfiste occasionnel, je feuillette attentivement mon gros catalogue des données sur les chevaux.
Je ne résiste pas à vous donner un extrait de l'interminable liste de ces canassons spécialisés dans les courses de trot. La "littérature" du Tiercé confine à chaque fois à la poésie. Et me joue à l'oreille comme des sous-entendus quelque peu salaces. Et oui, je suis un trotteur mâle.
Voici un petit aperçu de quelques femelles :

MY LOVE LADY - f.
On ne la présente plus. Moteur de l'écurie Fribault, elle se transcende chaque hiver. Jument de vitesse, elle excelle sur les 2175 mètres de la grande piste. Titulaire du record de 1'10"5, elle reste sur une belle troisième place dans le Prix de l'Ile de France derrière un certain Hot Tub. À suivre sous la selle contre les meilleurs et déferrée des 4 pieds.

NANA DU LAS VEGAS - f.
Cette jument de grande classe a rejoint les meilleurs en 2007 et peut en faire souffrir beaucoup dans ses bons jours. Plus à son affaire sur les parcours de tenue, elle est redoutable déferrée des quatre pieds […]. Objectif Amérique.

PETITE FARCE - f.
On ne peut vraiment rien reprocher à cette métronome, qui ne cesse de progresser depuis le début de son année de cinq ans. Ce n'est pas une grande débouleuse, mais elle dispose de 700 mètres de toute beauté. Très à l'aise pieds nus, elle n'aura aucun mal à remporter sa course face à ses contemporaines.

PETITE FLORIDE - f.
Cette belle alezane aux membres fragiles a explosé depuis le début de l'année […] Si son mentor a privilégié l'herbe, elle n'en est pas moins performante sur le dur lorsqu'elle ne souffre pas. Déferrée des postérieurs, gare à elle!

PETITE FOLLE - f.
Elle a certe moins de classe que sa soeur cadette Quelle Folle, mais porte bien son nom comme elle et fait souvent preuve de carctère. Douée dans les deux disciplines, elle n'aura qu'à se montrer sage pour remporter une épreuve dans le Temple du trot.

QUALINE DE BUAIS - f.
Ménagée par son entourage, c'est dans le Sud-Est qu'elle glane l'essentiel de ses gains. Le départ reste son talon d'Achille mais lorsqu'elle enroule, il est difficile de lui résister. […] elle ne demande qu'à s'améliorer avec l'âge.

QUALITA BOURBON - f.
Cette pouliche aux allures aériennes est dotée d'une classe peu commune. À 4 ans, elle possède un palmarès digne des grands chevaux. Plaisante lauréate lors de sa rentrée à Vincennes le 27 août (Prix Guy le Gonidec), elle est à suivre les yeux fermés au plus haut niveau.

QUANDICE - f.
Cette petite sœur de Nébrine ne possède pas un physique impressionnant mais il y a un sacré moteur sous le capot. Elle a rendu plusieurs fois le champ de courses dans le Sud-Est suite à des départs catastrophiques, s'imposant malgré tout sans coup férir.[…]

QUINTAESCENCIA - f.
Modèle de constance, elle a su se hisser face aux meilleures pouliches de sa génération. Son point fort : ses 300 derniers mètres. A tout à prouver face aux mâles, mais ne la négligez pas cet hiver.


Bon j'arrête là.
L'analyse des qualités de ces pouliches aux noms merveilleux me rend vraiment admiratif.
Et je sais, comme moi, que vous n'avez pas pu vous empêcher, à chaque métaphore utilisée, d'entendre ces commentaires comme s'il s'agissait de femmes bien humaines...