mercredi, mai 28, 2008

Spirale

Nuit.
Pluie fine. Batante.
Je monte la côte.
Dos rond, veste tirée par devant sur ma tête couverte.
Sur le haut de la rue, un escargot.
Immobilité qui court.
Je passe devant.
Je reviens sur mes pas. Le ramasse.
Je continue, en évitant de faire craquer ses comparses sous mes pieds.
Je l'inspecte en marchant. Il me regarde.
Nous avons conscience l'un de l'autre. Je le regarde.
Encore quelques mètres.
En bas de chez moi, je le dépose.
Et tout à coup me demande :
En combien de temps pour lui tous ces mètres sans moi?
Je monte l'escalier.
Maintenant je suis moi.
Sans lui.

Forces cachées.

lundi, mai 19, 2008

Transports magiques

Une affiche de spectacle, qui avait lieu en 1894 dans cet endroit connu aujourd'hui sous le nom de Musée Grévin. Je lis. Et je note cette merveille, la liste des opérations magiques... :

Théâtre ROBERT HOUDIN
8 bd des Italiens

Le Château de Mesmer
Grande Scène Fantastique Extraordinaire de M. G. Mèliès
Grande fresque en sept tableaux animée par Duperrey.

1. Les Feux-Follets
2. Transport dans l'espace
3. Influence de la Volonté
4. Fluide magnétique
5. Le Cor d'Harmonie
6. Le Portrait Animé
7. L'Anéantissement de la Pesanteur

...

mardi, mai 06, 2008

Opinion publique et inertie


L'appel à la confiance, si souvent invoqué pour tenter de pacifier et de dynamiser les sociétés, démontre en lui-même le caractère non opérationnel du système. Ces appels constants à la confiance prétendent ne donner que des garanties de bon fonctionnement du capitalisme mais ne disposent d'aucun support rationnel. Ils participent du domaine de la foi.
C'est par l'irrationalisme qu'on prétend éluder le caractère ingouvernable de la société.

L'opinion publique tout comme la société civile sont deux concepts qui dérivent du désert engendré par la politique elle-même. Comme ils ne définissent rien, ni ne renvoient à aucun lieu, ils servent à nommer un espace d'inertie.
La société civile, espèce de démilitarisation de la politique, et l'opinion publique, caisse de résonance du discours politique, sont de simples entités fonctionnelles qui se trouvent au service du consentement et du consensus.

Leonel Moura
Les hommes-poubelles
Editions Grasset & Fasquelle et Mollat, 2000.

lundi, mai 05, 2008

La classe inutile et corrompue

" L'abstentionnisme croissant et le désintérêt généralisé pour le commerce politique proviennent de l'incapacité à faire passer continuellement pour vrai ce qui est manifestement faux. La raison de la politique n'est pas rationnelle, elle est opérationnelle. L'homme politique ment régulièrement pour préserver la vérité de l'État. Le mensonge faisant partie de la logique même du gouvernement et de l'exercice du pouvoir. Mais, à force de mentir et en dépit de l'organisation systématique de légitimation du faux, le politique rend visible cette contradiction. Le simulacre et le faux apparaissent comme des réalités. Et ce parce que toute action sur la réalité est en définitive une action sur l'apparence. […]
L'homme politique ne connaît pas la société mais bien sa version médiatisée. Les erreurs d'analyse se succèdent et même si le spectacle parvient par moments à renverser la vérité des choses, celles-ci régressent toujours. Avec des résultats de plus en plus dévastateurs, dans une réalité de plus en plus inexplicable et irrémédiable. La politique se consume dans le discours du moment, dans le conjoncturel, répondant à des réalités incertaines et éternelles, n'agissant jamais à partir d'une expérience des événements mais tentant d'empêcher que l'on puisse véritablement connaître quelque chose. "

Leonel Moura
Les hommes-poubelles
Editions Grasset & Fasquelle et Mollat, 2000.