mercredi, juin 24, 2009

Compliments mérités

– " C'est le deuxième compliment que tu me fais aujourd'hui!
– Ah oui? c'est vrai.
– En plus, tu n'as pas l'air d'être du genre à faire souvent des compliments...
– C'est vrai... "

C'est dire si elle mérite ceux que je lui ai fait.

mardi, juin 23, 2009

Les Délices du pardon

Dans un village de Nouvelle-Ecosse, au temps des pionniers, il y avait une très jeune femme, Yvonne-Marie Née, qui fut surprise en état d'adultère et pour cela condamnée à l'exposition et à l'opprobre publics.
On la porta sur la place du marché, ou elle fut attachée sur une table, les jambes en l'air et la robe retroussée jusqu'à la taille. Ensuite, on lia ses chevilles à deux poteaux, très écartés l'un de l'autre, de sorte que fut montrée sa chair nue ainsi que de la viande à l'étal d'un boucher. Une vieille impotente ayant été commise à la garde des enfants, parqués dans la cour de l'école, tout le village défila, hommes et femmes, l'un derrière l'autre : trois cent soixante-sept au total. Et chacun en passant devant la malheureuse, s'arrêtait, la contemplait un moment puis crachait sur la partie du corps par ou elle avait fauté.
Quand chacun eut ainsi témoigné de son mépris jusqu'à l'avant-dernier du cortège, le mari déshonoré parut à son tour, fermant la marche. On crut que sa vengeance passerait l'imagination et qu'il serait celui qui ferait déborder le vase. Au lieu de quoi, il regarda longuement, les yeux cernés de larmes, son épouse évanouie de honte et son beau ventre noyé sous la bave énorme du village unanime.
Alors il se pencha sur la tendre chair souillée et, lentement, avec sa langue, il la lava de l'ignominie épaisse et gluante. Peu à peu s'éveillant, Yvonne-Marie sortit de son abjection atroce. Puis, Rassérénée, elle sourit, le visage renversé, à la face infinie et bleue du ciel magnanime.

Marcel Mariën
Figures de Poupe, nouvelles
Éditions Jean-Claude Simoën, Paris 1979.

mardi, juin 16, 2009

Gloup! gloup! gloup!

samedi, juin 06, 2009

détacher

Elle s'en va.

Elle s'est remise à faire un chignon à ses cheveux. Haut perché.
Ça lui va toujours aussi divinement bien.

Elle n'aura rien remarqué chez moi. Un peu détruit.

lundi, juin 01, 2009

Et la Palme d'or est attribuée... au voleur!!!

Nous sommes le samedi 30 mai 2009 à Paris. Place Vendôme. Soleil radieux. Il est entre 13h30 et 14h00. Vêtu d'un costume et portant un chapeau type borsalino, un homme pénètre dans la boutique du joallier Chopard. Il braque les employés avec une arme de poing. Il se fait remettre les bijoux en vitrine. Pas de violence. Le tout en près de 2 minutes. Et en toute discrétion, sans bruits.
Il repart calmement à pied. Avec 6,6 millions d'Euros de bijoux. Pfuit!...
Petite remarque amusante : depuis une dizaine d'années, le joaillier Chopard est chargé par le Festival de Cannes de fabriquer la Palme d'or.

Bon, ce n'était pas moi. Et j'ai un alibi : je travaillais à cette heure-là.

Je vais chercher mon chapeau. Je l'enfonce sur mon crâne. Je rejoue mentalement la scène. Et je médite un long instant sur ce qu'est l'art. Le grand Art. Et la grâce qui a touché ce voleur.

Chapeau! Vive les voleurs! Vive l'Art!