jeudi, septembre 27, 2007

jeudi, septembre 20, 2007

Hurle-Vent


Paris. Palais Garnier.
Hier soir, assisté à la répétition générale du ballet en deux parties d'après le roman Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë...
Histoire d’amour maudit. Tourmentée.
... les amours enfantines... le monde des paysans... le monde des bourgeois... les tiraillements... la demande en mariage... les frères ennemis... la consolation... les aveux de Catherine... le sacrifice!
Le chaos... la vengeance... les adieux!
Le désastre... la métamorphose... les visions d'Heathcliff... la déchéance d'Hindley...la mort d'Edgar. Le mariage forcé.

Le cimetière... la profanation!!... La désincarnation... La réunion pour l'éternité!!!

" Emily Brontë possède donc le plus singulier des pouvoirs : celui de sa dépendance à l'égard des faits. Avec quelques touches, elle sait évoquer l'âme d'un visage et rendre le corps superflu ; en parlant de la lande, elle fait souffler le vent et gronder le tonnerre. " Virginia Woolf
" Quand, parmi tous les arbres, je cherche celui dont la forme s'harmonise le mieux avec le cadre du roman tragique d'Emily Brontë, c'est l'image d'un vieux robinier tortueux qui me vient à l'esprit, d'un vieux robinier tordu par le vent qui souffle toujours dans la même direction ; l'écorce est noire, le tronc est creux et, dans ce creux, la pluie a formé une petite flaque où baignent quelques feuilles mortes. "
John Cowper Powys

vendredi, septembre 07, 2007

Grandeur d'âme

"La grandeur d'âme ne se sépare point de la générosité, elle ne se borne pas à dire du bien d'un ami, ou à lui en faire, elle va jusqu'à dire du bien d'un ennemi, et elle se plaît même à lui en faire. (...) Cette vertu reçoit son principal éclat des occasions les plus propres à se venger : bien loin de les fuir pour n'en être point émue, elle les envisage fixement, pour convertir la plus facile vengeance en une action de générosité qui étonne. (...)
Après tout, il ne faut pas s'imaginer que la grandeur d'âme n'ait point de vices à combattre. Mais, humble et modeste, elle se les soumet, et substitue à leur place des vertus dont elle dérobe aux hommes la connaissance autant qu'elle peut. La bassesse est le vice odieux dont elle triomphe à découvert et avec quelque sorte de fierté. Tout genre de lâcheté : jalousie, trahison, vengeance, envie, petitesse d'esprit ou de cœur, tout cela est si opposé au caractère d'une grande âme qu'elle ne saurait dissimuler l'horreur extrême qu'elle en a. Que si rien ne l'oblige de s'expliquer à cet égard, sa conduite du moins est toujours l'interprète fidèle de ses nobles sentiments."

Baltasar Gracian, L'homme universel (titre original : El Discreto), 1646.
Editions Champ Libre, 1981

FAIM

Si j’ai du goût, ce n’est guère
Que pour la terre et les pierres.
Je déjeune toujours d’air,
De roc, de charbons, de fer.

Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons.
Attirez le gai venin
Des liserons.

Mangez les cailloux qu’on brise,
Les vieilles pierres d’églises ;
Les galets des vieux déluges,
Pains semés dans les vallées grises.

¯¯¯¯¯¯¯¯
Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles :
Comme lui je me consume.

Les salades, les fruits
N’attendent que la cuillette ;
Mais l’araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

Que je dorme ! que je bouille
Aux autels de Salomon.
Le bouillon court sur la rouille,
Et se mêle au Cédron.


Arthur Rimbaud
Faim.
Une saison en enfer. 1873.
(Délires II. Alchimie du verbe)

dimanche, septembre 02, 2007

Arriver au but

Le bon en ce monde ne se voit guère sans mélange : il semble que le mauvais conspire incessamment pour s'y allier et pour le gâter; que l'un est rare, l'autre commun! Tout s'oppose au bon, et tout seconde le mauvais. Il n'y a qu'un chemin, et un chemin difficile, pour arriver au but; tandis que mille qui sont tous frayés nous en écartent. La convenance et l'assemblage des circonstances qui établissent la bonté d'une entreprise, et qui en promettent le succès, se combinent et se règlent avec tant de peine; et après cela, une infinité de choses viennent à se réunir pour la faire échouer. Mais beaucoup d'intelligence et beaucoup d'activité tout ensemble nous remettent en mesure, et ramènent un succès prêt de nous échapper.

Baltasar Gracian, L'homme universel (titre original : El Discreto), 1646.
Editions Champ Libre, 1981