l'œil vu le veut

Bordés de plis, trois orifices naturels habituellement exposés aux regards s'offrent comme le reflet du sexe toujours voilé.
Les paupières environnent l'œil, découvrant une ouverture ovale et humide. Elles s'ornent de cils qui se recourbent à la façon de la pilosité qui souligne l'échancrure verticale du bas-ventre. L'analogie frappante n'a que peu inspiré peintres et littérateurs, mais depuis longtemps les femmes savent déguiser leur œil en sexe. Ne pouvant pas directement proposer leurs poils vulvaires en société, elles surchargent leurs cils de fard et de postiches, renforcent l'humide éclat de la cornée, quitte à émonder leurs sourcils, à la sévère ordonnance jugée par trop masculine. Le regard humide et velu des vamps ne prête à aucune équivoque : c'est l'œil piège sexuel.
Gérard Zwang
Le sexe de la femme
Éditions La Musardine, Paris, 1997.